Quintessences

"Pour n'en garder que les quintessences..." (A.R.)

mercredi 25 mai 2011

lundi 1 septembre 2008

La foi monothéiste et le développement durable : évolution de l'imaginaire







Le réchauffement climatique illustre le fait que l'auto-régulation libre des marchés est une absurdité face à l'enjeu d'un contrôle de l'économie qui se détourne de l'humain (et la nature dont l'être humain est le prolongement). L'activité économique doit être contrôlée pour la préservation de l'équilibre social et écologique.


Lorsque le quantitatif précède le qualitatif, la nature ne devient plus une raison d'être en soi, de l'âme, mais un produit que l'on traite comme tel. De la même façon que l'on récupère un produit en rayon dans le supermarché qui semble inépuisablement réapprovisionné. Or, la nature c'est du vivant. Et le vivant c'est fragile. La nature est généreuse si elle est respectée, malade si on la maltraite.

Dans la pensée des peuples dits primitifs, l'équilibre entre la part de l'homme et la part du reste du vivant était compris au quotidien, on ne prélevait donc que ce dont on avait besoin. Car si dans une zone donnée, les ressources venaient à manquer, il fallait migrer de nouveau. On pratiquait alors le développement durable. On remerciait l'animal tué. Par exemple chez les Inuits. C'était toute une culture.
Par contre, le développement des grandes religions monothéistes et des villes où l'homme est au centre de tout, nous a détaché de la nature. L'homme se tourne vers lui-même, vers le ciel ou bien on s'enferme par exemple dans une église où on apprend aux enfants à prier devant une scène de torture horrible : un homme agonisant, ensanglanté cloué à un morceaux de bois, comme si c'était une étagère, un chapelet de saucisses ou un poster. La représentation du Christ peut heurter la sensibilité des enfants. Bien plus que la représentation de la nudité. Celle de l'humain "naturel", sans vêtements comme l'animal, ou celle qui déclenche une énergie sexuelle que la religion cherche à détourner.

On encense et on chante ainsi indirectement le résultat de la cruauté humaine et on en vient à partager le monde entre bons et méchants (sauf que personne ne se perçoit jamais comme méchant. La preuve, on est poli, on va régulièrement à l'église, on a des sentiments ...). La religion devient pyramidale.

D'ailleurs, ces religions ont souvent été diffusées à partir des premiers grands centres urbains, sièges du pouvoir politique. Il parait que bientôt 80 % de la population vivra dans les villes. Du point de vue de l'imaginaire de la compréhension de l'environnement, et de la préservation cela pose un problème. Trop d’êtres humains chient directement ou indirectement dans leur assiette et sont éduqués pour ne respecter que la force et les hiérarchies en perdant toute vision horizontale et égalitaire. Le rapport occidental de l’homme et de la nature est un rapport de domination, de concurrence, de violence. Et la culture de la violence est partout dans nos sociétés et dans nos médias et donc... dans notre imaginaire.

La nature, déséquilibrée par le virus humain nous rappelle (ouragans, inondations, disparitions de certaines espèces provoquées par le dérèglement du climat...). Peut-être va-t-elle éliminer naturellement la cause du problème. On est bien loin de la recherche d’harmonie des Inuits et autres peuples dont la culture est peu à peu absorbée par le « développement » présent et à venir. Dans l'ordre naturel, l'espèce humaine n'est qu'une virgule dans la grande encyclopédie de l'évolution du cosmos.

mercredi 30 juillet 2008

Siné - Totems et tabous

















Le dessinateur Siné s'est moqué de la conversion du fils du président au judaïsme afin d'épouser une richissime héritière. Siné, pourfendeur des religions a alors été accusé d'antisémitisme. Pourtant Siné s'en défend. Il l'a dit clairement. Et il suffit d'ailleurs de connaître l'âme de ses dessins pour comprendre que c'est un humaniste anti-obscurantiste et un amoureux de la liberté. Il a précisé qu'il aurait volontiers caché des juifs pendant la guerre et qu'il serait toujours du côté des opprimés. Il pense en terme d'humanité unie, digne, fraternelle et égale devant l'humour et non en termes de division communautaire. Il s'agit d'un esprit d'humanisme et de liberté franchissant les murs de séparation et qui critique joyeusement tout ce enferme, réduit, salit la diversité qualitative et la générosité de l'âme au sens large. Et il considère que les religieux, les militaires et les capitalistes réduisent notre potentiel d'humanité. Il s'agit d'un esprit directement humain qui ne peut absolument pas être compris par ceux qui vivent dans une logique de communautarisme et de sacralisation dogmatique. D'autre part, il y a des juifs progressistes qui dénoncent l'instrumentalisation de l'antisémitisme notamment suite au Le tollé provoqué par une petite phrase de Jean-Claude Milner qui accuse Bourdieu (!) d'antisémitisme sur France-Culture (voir l'article d'Acrimed http://www.acrimed.org/article2545.html)

Qui peut sans malhonnêteté intellectuelle diffuser l'idée que Bourdieu ou Siné soient antisémites ? Je pense qu'il est diffamatoire et insultant de faire des procès d'intention à des gens tels que Siné et Bourdieu qui en définitive cherchent une société plus humaine, plus ouverte, plus fraternelle et plus juste conte une logique de division et de morcellement communautaire qui ne mènera à rien de bon


Certains juifs considèrent qu'il s'agit d'une preuve d'antisémitisme lorsque l'on critique la brutalité d'un état, celui d'Israël, contre une population (les civils palestiniens de Gaza). Pourtant, à toute époque, des groupes pensent avoir de "bonnes raisons" de déshumaniser d'autres groupes humains en invoquant le passé et des crimes. Ils s'exposent alors à commettre, ivres de leurs justifications, des actes atroces qui souilleront à jamais l'Histoire. Personne n'est immunisé contre la barbarie. Un jour un enfant nous posera cette question "As-tu protesté lorsque l'on massacrait les enfants [mettre ici le groupe humain de son choix] prisonniers de leurs maisons ?". Ce n'est pas mon appartenance à tel groupe qu'autrui/ que l'Autre doit respecter, mais ma dignité d'être humain. Or des gens comme Siné, on le sent, s'attristent du gâchis du potentiel humain derrière la "cage mentale" du communautariste aveugle, de ses pratiques souvent absurdes dans une société moderne et des tendances belliqueuses anti-humanistes de région morcelées, pourries par les dogmatismes et la religion et par les divisions communautaires fondées sur un conditionnement irrationnel transmis sur des générations dans la peur, l'obscurantisme, la violence et la haine. Cercle vicieux qu'il faut rompre en parlant de l'homme tout simplement, de l'humain sans tabou, avec recul. Il nous faut des Zadig voltériens, des Sinés, des libre penseurs ou bien on va vers l'étouffement, l'incompréhension, l'irrationnelle reproduction des mêmes erreurs, guerres fraternelles, horreurs et absurdités déclinées différemment avec l'idée que la douleur justifie d'autres douleurs.


mercredi 5 mars 2008

Brouillard



Parfois je rêve de me perdre un matin dans un brouillard qui sent la mousse, les feuilles mortes et la fougère. Le matin surtout lorsque l'air est comme un voile de fraicheur qui glace le joues. Quand la respiration fait de petits nuages et que des parfums de terre gorgée de rosée montent du sol. L'humidité transperce les vêtements mais ce n'est pas gênant. La lumière est tellement belle. Les choses se dessinent. Marcher seul dans la nature sur le sol trempé au milieu du brouillard et sentir le grelot de son cœur battre comme une petite flamme parcourue de frissons. L'air enivrant donne des élans de jubilation et de légèreté suivis de petites ondes de mélancolie, fraiches. De petites gouttes me tombent dans le cou depuis quelque branche où pousse du lichen. Des élans de tendresse sans objet. Des sensations éphémères qui disparaissent comme elles sont venues. Une solitude totale.

mercredi 2 janvier 2008

Paranoïa



















Photos : Edward Burtynsky




































Photo : Basia Banda










LE MONDE 08.01.08 14h26 • Mis à jour le 08.01.08 14h26


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La Terre est entrée dans une nouvelle ère géologique : l'anthropocène. Ce néologisme a été proposé par le Néerlandais Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie (1995), pour décrire l'impact croissant de l'humanité sur la biosphère. Cet âge a, selon lui, débuté autour de 1800, avec l'avènement de la société industrielle, caractérisé par l'utilisation massive des hydrocarbures. Depuis, la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone produit par leur combustion n'a cessé d'augmenter. L'accumulation de ce gaz à effet de serre contribue au réchauffement de la planète.
Dans le numéro de décembre de la revue Ambio, Paul Crutzen détaille les bouleversements qui marquent l'entrée dans l'anthropocène. Avec Will Steffen, spécialiste de l'environnement à l'université nationale australienne de Canberra, et John McNeill, professeur d'histoire à la School of Foreign Service à Washington, il cosigne un article intitulé "L'anthropocène : les humains sont-ils en train de submerger les grandes forces de la nature ?" Après avoir modifié, ces dernières cinquante années, son environnement comme jamais auparavant en perturbant la machinerie climatique et en détériorant l'équilibre de la biosphère, l'espèce humaine, devenue une "force géophysique planétaire", doit maintenant agir très vite pour limiter les dégâts. Mais sera-t-elle capable de relever ce défi ? C'est la question que se posent les trois chercheurs.
Selon eux, nous nous trouvons actuellement dans la phase II (1945-2015) de l'anthropocène, qu'ils dénomment "grande accélération", car la mainmise de l'homme sur la nature s'est considérablement accélérée pendant cette période. "La grande accélération a atteint un stade critique, écrivent-ils, car 60 % des services fournis par les écosystèmes terrestres sont déjà dégradés."
Un point positif, cependant : pendant les années 1980 à 2000, les hommes ont pris progressivement conscience des dangers que leur activité débordante faisait courir au "système Terre". Les différentes réunions internationales de 2007 sur le climat et les nombreux travaux scientifiques sur le sujet et sur la perte de biodiversité en témoignent.
Face à cet état des lieux inquiétant, trois possibilités s'offrent à l'humanité pour faire face à la phase III de l'anthropocène (à partir de 2015 et au-delà). La première ("business as usual") consiste à ne rien changer à nos habitudes, en espérant que l'adaptabilité humaine et l'économie de marché permettront de faire face aux chamboulements environnementaux. Cette orientation comporte "des risques considérables", selon les auteurs de l'article, car il sera peut-être trop tard lorsqu'on se décidera à prendre les mesures adéquates.
La seconde option ("mitigation") vise à atténuer considérablement l'influence humaine sur la Terre par une meilleure gestion de l'environnement. Cela implique l'utilisation de nouvelles technologies, une gestion plus sage des ressources terrestres, un contrôle des populations humaines et une remise en état des zones dégradées. Ce qui ne peut se faire sans "des changements importants dans les comportements individuels et les valeurs sociales". Mais ces tendances vers moins de matérialisme "seront-elles assez fortes pour déclencher la transition de notre société vers un développement durable ?", s'interrogent les scientifiques.
Si cela n'est pas possible, et si le réchauffement climatique est trop brutal, reste alors la troisième option consistant à mettre en oeuvre la géo-ingénierie climatique. Ce choix implique de très puissantes manipulations de l'environnement à l'échelle mondiale, destinées à contrebalancer l'impact des activités humaines.
Déjà, on pense à séquestrer le gaz carbonique dans des réservoirs souterrains. On peut aussi envisager de répandre des particules de sulfates dans la stratosphère pour réfléchir la lumière solaire vers l'espace. Ce qui diminuera les taux de CO2 de l'atmosphère et refroidira les températures. Mais il faudra agir de telle sorte que cela ne se traduise pas par un nouvel âge glaciaire, qu'on ne pourrait contrecarrer qu'en ajoutant de nouveau du gaz carbonique dans l'atmosphère... Conclusion : "Le remède pourrait être pire que le mal."



Christiane Galus